Un article de Jean-Jacques Birgé


Tinnitus-Mojo est son histoire, celle d’un musicien qui a perdu l’audition d’une oreille et se lance éperdument dans la quête infinie des nouvelles technologies pour retrouver sa forme, ou, à défaut, l’inventer.


D’Étienne Brunet, en 2011 j’écrivais :  » Étienne Brunet accouche d’un nouveau concept, comme chaque fois, avec les forceps. Fidèle qu’à lui-même, il reproduit les gènes d’un autre médium pour sortir du noir et crier rage ou désespoir. Pendant un an il aura creusé une ribambelle de logiciels de son et d’image pour faire naître son projet inspiré d’un roman à paraître. Quand cela ? On ne sait jamais. Tinnitus-Mojo est son histoire, celle d’un musicien qui a perdu l’audition d’une oreille et se lance éperdument dans la quête infinie des nouvelles technologies pour retrouver sa forme, ou, à défaut, l’inventer.  » Étienne, rencontré il y a de 40 ans lorsqu’il jouait dans le trio Axolotl, a toujours choisi d’appuyer son art sur des concepts, qu’il enregistre Postcommunism Atmosphere avec Corneliu Stroe et Laurent Saiet, La légende du Franc Rock and Roll avec Saïet, Benjamin Ritter, Erick Borelva, Christophe Minck et Paul Rogers, Free/bifteck avec Daunik Lazro, Daniel Mille, Thierry Madiot, Borelva, Camel Zekri, Hubert Dupont, Julien Blaine et Fred van Hove aux grandes orgues avec qui il commet également Improvisations, ou Tips (Tribute to Steve Lacy) avec un petit ensemble, et bien d’autres albums où il saisit chaque fois l’essence-même de chaque culture, d’abord en CD, puis de plus en plus sur Internet, médium qui convient à ses élucubrations psychédéliques audiovisuelles. Ses livres, parce qu’il écrit comme il souffle, sont des disques de papier, rythmés et sonores. Isolé comme tous les artistes atypiques, seul comme tant de garçons de son âge égarés sur la Carte du Tendre, il lui a fallu composé avec le confinement.

Il a enfourché sa clarinette basse, fidèle Rossinante, et il a joué chaque jour des deux confinements, sur son balcon au printemps, dans sa chambre cet automne. C’est roots, enregistré à l’arrache avec son téléphone, mais ensuite réintégré à des images vidéographiques. Son passé de technicien à Canal+ lui aura peut-être servi à apprivoiser les machines. Dans le passé j’ai parfois joué avec Étienne, en trio avec son fils Léo à la Gameboy qui depuis est passé à la guitare baroque, au luth et au théorbe, en quartet avec Nicolas Clauss et Éric Échampard ; Étienne jouait alors du sax alto et de la cornemuse !

Étienne Brunet ne s’arrête jamais de défricher des territoires qu’il ne connaît pas, meilleure méthode pour ne pas s’endormir. De toute manière, comme tous les grands productifs, il meuble ses insomnies. On le retrouve à Bangkok avec un groupe thaïlandais, à Berlin avec le violoncelliste Tristan Honsinger, à Lisbonne dans un grand ensemble d’improvisateurs, commémorant Pierre Barouh qui fut longtemps son producteur dans un orchestre Saravah, avec les Africains Djeour Cissokho, Mamadou Faye et le groupe Allalaké ; il s’est aussi formé à l’écriture symphonique et collabore avec le plasticien Fred Sapey, avec les poètes Julien Blaine et Jacques Donguy…
Après l’ancien, Étienne vient de mettre en ligne son nouveau site, d’une grande richesse et profondeur. Le système, même dans ses marges, isole stupidement les compositeurs comme lui, travailleur acharné en liaison directe avec son temps, prêt à y laisser sa chemise, sa peau et son âme. Le succès est un concept absurde pour les explorateurs. Ce sont les risques qui donnent toute la saveur à la vie, car le chemin est toujours plus excitant que la destination.

Pendant le confinement

J’avais collaboré par internet pendant le premier confinement avec le batteur belge Dirk Wachtelaer. Je ne l’ai jamais rencontré en réel. J’aime bien le disque qu’il a sorti avec Frédéric Becker, Pengboon Don, Gate Garnglai, Pieter Lenaerts, Raphael Malfliet, Alec Ilyine, Azime Aksoy, Catherine Smet

Puis pendant le deuxième confinement j’avais joué tout seul puis par Zoom avec Shyamal Maitra

Vinyle

J’avais 19 ans en 1973. Epoque inoubliable qui expliquera ensuite avec du recul mes errements comme mes réussites. C’était la fin de la période héroïque des révolutions musicales et sociales. Cette série m’a rappelée les sensations électriques de ma jeunesse. 1973 est l’époque où se situe l’action de « Vinyle ». Fin de l’ère du rock psychédélique, déclin du funk. Émergence du Hip-hop, du Punk, de la new wave et du Disco. La série est intéressante, car elle montre bien le glissement des styles et des modes musicaux d’une époque à l’autre comme une dérive inéluctable. Le personnage principal est un producteur de disques. Le personnage permet d’écrire un scénario à rebondissement sur dix épisodes. Les musiciens : on ne saura jamais ce qu’ils font ni ce qu’ils pensent, ils sont noyés par la personnalité de Richie Finestra défoncé à la coke. Ce scénario organise la série dans de multiples directions, mais obscurcit le propos vers l’insupportable ego des producteurs de tous poils du maffieux au plus sincère passionné de musique. On a l’impression que les maisons de disques façonnent la musique et les musiciens grâce à leurs disques ce qui est archi faux. Pourtant la série est fascinante parce qu’elle cerne un moment capital de l’histoire de la culture et du rock par la même occasion. « Vinyle » fut un énorme flop sans précédent. La série créée par Martin Scorsese, Mick Jagger, Rich Cohen et Terence Winter avait coûté une fortune et a été stoppée dès la fin de la première année. Elle recrée pourtant à merveille l’ambiance des seventies par une habile fiction. Bien sûr comme presque tous les projets grands publics le free jazz n’existe pas ce qui affaiblit encore le propos.

Aux masques etc…

Aux masques etc… Impossible de participer au Creative Festival XIV de Ernesto Rodriguez. Respiration discontinue. Confinement aéré. Je me souviens du slogan du label d’Avantage dans les années 80’ : « Nous ne faisons rien pour améliorer les choses »

Pour me joindre

Pour me joindre, merci d’envoyer un mail à : eb AT etiennebrunet.fr Je vous répondrai. Je faisais moins de photos avant l’arrivée de la photo numérique. C’était l’époque où j’avais un groupe qui tournait bien. J’ai très peu de documents de cette époque à part quelques articles de presse et des flyers. Je m’occupais de musique et n’avait des photos ou vidéos que si un photographe professionnel s’en occupait. Je vous recommande d’abord l’onglet vidéo musique depuis quelques années je ne fais plus de disques. Ensuite l’onglet CD Vinyles presque tous mes anciens disques sur la plateforme Bandcamp, l’onglet écritures tout ce qui est écriture de musique ou de textes que je pratique depuis une douzaine d’années, l’onglet ego-graphie un résumé de ma carrière d’improvisateur et compositeur, l’onglet collaboration, les gens avec qui j’ai travaillé souvent, l’onglet critiques, un florilège de quelques commentaires de la presse, l’onglet blog-glob, vous y êtes, mes dernières nouvelles ou réflexions, l’onglet groupes No Groove Quartet à Lisbonne, Ring Sax Modulator, Tinnitus Mojo sur la surdité, Soundioulou Cissokho roi de la kora, Zig Rag Orchetra, Aller Simple et Axolotl. Le site n’est pas terminé il faut chercher des documents souvent 30 ans en arrière. La numérisation des photos noir et blanc est difficile. On voit l’ombre du smartphone sur de photos splendides re-photographiées.

Photo Shun Kambé