Dernière semaine à Bangkok

Août 2022. Réponse à un ami saxophoniste. Qu’est-ce que l’EMEO ? Le saxo électronique EMEO est d’un poids assez lourd, un corps d’alto sans pavillon avec un mini ordi ARDUINO à l’intérieur. Il ne génère pas de son et doit être connecté à un ordi via une prise USB3 type C (qui est en fait à la norme USB2 et c’est un des problèmes de l’instrument). Le logiciel livré avec : RESPIRO est tout à fait génial, l’intelligence des sons se découvre vraiment quand on l’amplifie sur une sono ou un ampli puissant et que l’on joue avec d’autres musiciens.

Pour travailler chez soi l’EMEO est génial, tu peux être à fond à minuit sans déranger les voisins. De plus t’as la sensation de jouer hyper juste et hyper tempéré… Ensuite, tu le ranges après utilisation dans un grand sac en plastique avec des sachets déshumidificateurs pour te garantir des ennuis. Pour l’utiliser comme un contrôleur midi sur scène et en voyage c’est bien plus problématique, or moi je cherche plus des expériences sonores qu’une démonstration de virtuosité. Après moult pérégrinations je peux résumer en disant que l’EMEO est un fabuleux instrument, mais extrêmement fragile qui craint l’humidité et les changements de température par dessus tout.

J’ai fait 3 concerts en Thailande avec l’EMEO. Le premier dans une boite de luxe à BKK avec l’air conditionné à fond, l’instrument a commencé à la fin du set à déconner et faire entendre des sous-porteuses parasites etc. Le deuxième au « Bangkok Noise and roll street gig » dans des conditions extrêmes l’instrument s’est comporté parfaitement. Dans ce cas les auditeurs étaient bluffés par la nouveauté du son (relativement nouveau, je n’ai rien inventé, ce n’est pas le son qui est nouveau mais un discours de saxo avec des beaux sons synthétiques qui réagissent avec toute sorte de subtilités et dynamiques vu la complexité de l’architecture midi de l’instrument).


Hier soir catastrophe, je jouais dans le petit club de l’underground le Jamcafebkk et l’instrument m’a planté au bout de 10 minutes. Il aurait fallu faire un reset (avec un petit tournevis que je ne trouvais plus et puis en plein set avec un des meilleurs guitaristes de BKK, Don Pengboon, impossible de se mettre à bricoler à moins de passer por un abruti devant les auditeurs médusés). Comme je n’avais plus trop confiance dans l’EMEO et je craignais par dessus tout cette situation, me retrouver à poil en plein set. Je n’avais que ce saxo en voyage. Quelques jours avant j’avais acheté un petit bijoux neuf pour 275 euros : un soprano recourbé conçu (et fabriqué ?) en Thaïlande de marque Saxtion. Donc j’ai continué le set en acoustique. C’est un sublime petit saxo (par contre il faut jouer juste, la moindre note non pensée et hop c’est faux, mais si tu penses toutes les notes c’est un son sublime qui me fait penser aux vieux Strasser Margaux d’il y a 50 ans). Si tu veux un avis 100% positif il faut demander à Pierrick Pédron qui possède deux exemplaires et m’a beaucoup aidé avec tous les ennuis que j’ai eu au début, à Paris. Il est un défenseur enthousiaste de l’instrument et très amical.