Effondrement numérique

J’ai recommencé à chercher un éditeur… et j’ai joué sur les quais de la Seine, à Paris. Le « journal des allumés du jazz » est sorti avec un bon texte de moi que je vous donne ci-dessous : « l’effondrement numérique »

La guerre mondiale commence à la suite de la résistance des Ukrainiens à l’envahisseur russe et à l’assassinat de Poutine par une émission de TV à très haute fréquence NFT (nouvelle Fréquence Tueuse). Lors de l’inévitable effondrement numérique qui en découlera, le chœur des médias disparaitra. Silence radio TV Internet. On n’entendra plus rien. Plus de fausses nouvelles ni de vrais mensonges.  Au bout de 3 jours, impossible de retirer de l’argent dans les distributeurs automatiques ni de payer quoi que ce soit avec une carte de crédit. Bitcoins et monnaies virtuelles seront brulés. Les vieux sortiront d’anciens francs de leur chaussette et quelques louis d’or. Il y aura encore de l’électricité, mais le réseau mondial Internet sera cisaillé, les nœuds numériques qui ligotent la planète seront en panne. La multitude de câbles sous-marins ne transportera plus de data à la vitesse de la lumière. 

Tous les documents qui régissent la vie quotidienne auront été dématérialisés. Impossible de toucher salaire, retraite, payer une facture ou prouver que l’on habite bien chez soi. Impossible de s’enfuir puisque les voitures sont commandées par un ordinateur de bord et seront obstinément immobiles même avec du gasoil dans le réservoir. Les avions seront cloués au sol. Les parallèles des rails de chemin de fer se toucheront. Les objets connectés seront inertes dans le vide du radar. Plus de code pour accéder au frigo. Plus de data, plus de rata. Les gens seront affamés. Les hôpitaux en panne à la suite d’attaques massives pour demande de rançon ne pourront plus distribuer d’aspirine. Les hackeurs seront pris de migraines infernales. Les DJ arrêteront de diffuser du bruit binaire. Les Victoires du jazz seront annulées. Le virtuel disparu, la plupart des gens seront encore plus déconnectés du monde réel. Ils seront perdus sans leur smart ! Leur cher doudou numérique. Les gens en pleine panique se mettront à crier dans les rues : « mama, maman » 

Au début de la panne apocalyptique, les Intelligences Artificielles, victime de faux contact due à l’explosion atomique locale (déclenchée par des chiens de guerre incontrôlés), les IA, donc, décidèrent que le bug de l’an 2000 devait se produire en 2023. Elles inversèrent les zéros et les uns. Chaque « zéro » était transformé en « un » et chaque unité ne devenait que dalle. Le réseau INTERNET issu du réseau ARPANET inventé par l’armée américaine pendant la guerre froide pour connecter les systèmes d’arme pouvant continuer à transmettre des instructions si un nœud était détruit. Donc, ce réseau décentralisé était devenu l’inverse de sa conception : une tour de Babel hyper centralisée contenant tous les documents administratifs, financiers, recettes de cuisine, films pornos, horaires et billets de trains et d’avion, bibliothèque, cinémathèque, vitrine de magasins, catalogue d’objets, grosse TV mondiale, etc. Ce fut le système conçu pour être décentralisé qui explosa à force d’être centralisé. Les GAFAM gavés à mort ont crevé comme de vieilles badernes. Et maintenant c’est la misère. Plus rien ne fonctionne. Dans les campagnes on a ressorti ânes gris et canassons marron, mais dans les grandes villes tout est fini. Brouillard épouvantable de l’hiver technonucléaire. 

Que ferai-je lors de l’inévitable effondrement numérique ? J’improviserai des notes de musique dans le désastre ! J’attendrai la fin après avoir joué du saxo.  Avantage du saxo acoustique sur l’ordinateur. Mais l’inspiration s’enfuira, victime de la faim et de la soif. Je ne ferai plus rien. Ne trouvant plus de médicaments, j’arrêterai de m’en gaver. C’est chouette de tout stopper pour aspirer au dernier souffle. Dans ce texte, commencé il y a un siècle et demi, je me suis perdu dans un métavers (un métarouge cryptocommuniste) qui m’a égaré loin du merveilleux monde numérique du capitalisme virtuel. Les mecs richissimes des GAFAM sont réfugiés dans un monde abstrait entièrement séparé des pauvres par des brigades de flics réels spécialisés dans la matraque. Tout recommencera à zéro. Nous les vieux gagas, avec l’effondrement numérique, nous sommes retournés à la merveilleuse année 01. Le monde d’hier où les ordinateurs n’étaient pas portables, confiné seulement dans les murs des usines et bureaux.  Vous souvenez-vous de ce vieux film génial. Il n’est jamais question de zéro ni de un… « L’An 01 est un film français de 1973, réalisé par Jacques Doillon. Il est adapté de la bande dessinée L’An 01 de Gébé, dont le scénario avait été enrichi par les propositions via le courrier des lecteurs, lors de ses publications dans Politique Hebdo, puis Charlie Hebdo. » (Wikipédia) Maintenant, je prierai le Dieu du « Game Over » de rester en vie. J’aurai au moins la satisfaction de ne pas avoir une pub en plein milieu de « Impression » de John Coltrane sur YouTube. Fini les GAFAMistes qui génèrent une fortune en diffusant le patrimoine musical mondial. Faudra retrouver le souvenir mental des musiques disparues dans le chaos global et tenter de les reconstituer. Je claquerai des doigts en syncope en disant : « Ohhh, Oh, catastrophique c’est chic, chic, le freak c’est Chic ».