Les critiques

D’abord passionné par l’impro, il s’amourache de la musique roumaine, étudie la musique indienne, apprivoise les « electronic devices » et mixe dans une démarche férocement post-moderne, funk, folk et free dans une même composition (Gérard Rouy)

POSTCOMMUNISM ATMOSPHERE sur le label Deux ZZ

Il est des musiques qui sont à ce point indissociables d’un moment d’histoire qu’elles finissent par s’y fondre. Telles sont leur évidence, leur adéquation, qu’elles participent du décor qui les a vu (fait) naitre. Par exemple le « Postcommunisme Atmosphere » du saxophoniste Etienne Brunet avec son Zig Rag Orchestra. Disque emblématique de l’année 1994 : un signe au tournant de notre mémoire. (Jazz Magazine, février 95, Philippes Carles)

Le disque le plus intéressant de l’année 1994 « Postcommunisme Atmosphere ». À base de chants roumains samplés, saxophone shakespearien et autres merveilles. (Nova Magazine, février 95, Sir Ali)

And finally, scrabbling around in the post-Cold War debris, we find three pieces of fall-out. « Postcommunisme Atmosphere » is fascinating jazz, rock and much more played by three Frenchmen with samplers and attitude. « Modaly is the symbol of postmodernity considered as anything and eveything » they write, bless ‘em. Filtering ancient music throught contemporary sensibilities, they’ve come up with an adequate splinter of the Zeitgeist. (The Wire, mars 95)

Pour un coup d’essai Etienne Brunet en frappe un grand. « Postcommunisme Atmosphere » là encore, le propos se met en phase avec nos vérités désenchantées, histoire de les oublier, ou mieux de les refonder. Le temps d’un songe musical indispensable. (L’Affiche, mars 1995)

Ou comment se poser les bonnes (et graves) questions sans engendrer la mélancolie et le pessimisme post chute du mur habituel. (Jazz Magazine, decembre 94)

Ce compact dit avant tout la joie et l’hospitalité, sur des rythmes souvent binaires ou des échappées de chants populaires dans ces étranges et complexes entremêlement de métriques impaires qui inspirent le jazz européen depuis longtemps. Stimulant. (Le Monde de la Musique, janvier 95, Sylvain Siclier)

B/FREE/BIFTECK sur le label Saravah

Rythmes, variations de densité, couleurs et méandres renvoient d’emblée à ce que l’on peut observer juste après une éruption volcanique. (Jazz Magazine, mais 98 disque d’émoi et disque de l’année, Philippes Carles)

Etienne Brunet continue d’occuper une place singulière dans les musiques actuelles (Le Monde, avril 98)

Etienne Brunet est un franc-tireur du saxophone jazz, partisan de l’ouverture d’esprit… on dépasse les histoires de style, on revient à l’idée de cut-up (Vibration, juin 98, Jacques Denis)

Impressionnant. La théorie s’efface, la musique est là, dans l’instant. C’est à découvrir. (Jazz Man, juin 98, Sylvain Siclier)

Il s’agit d’un véritable projet mûri et abouti, Etienne Brunet s’impose comme une voix à ne pas négliger sur la scène musicale française. (Improjazz, avril 98, Jacques Oger)

On peut parler d’une franche réussite. Etienne Brunet joue de la répétion altérée. (Peace Warriors, mai 98)

AXOLOTL sur le label D’avantage

… une décomposition du temps en secondes qui deviennent des siècles. Pour les gens qui veulent en finir une bonne fois pour toutes avec le tempérament, ce disque est indispensable. (Jazz Hot, dec 1981, G. Vachia)

This trio’s music is generally in the electric pointalistic picking pops & squeek reed-garbage. Some would probably find the music as abrasive as its cover. (Cadence – New York jan 82)

A l’intérieur de pièces relativement courtes, ils savent habilement doser les climats en faisant suivre les explosions d’énergie par des séquences bruitées avec humour. (Jazz 360° Suisse – jan 82 G. Cerutti)

… des musiciens qui refusent encore plus que les autres le jeu complaisant des étiquettes. Comme les trois Français d’Axolotl qui affirment nouer et dénouer des situations sonores complexes. (Le Matin, 30 mai 82, P. Bussy)

… maitrise du langage, lucidité de leur démarche, une musique réaliste, concrète et actuelle. (Le Jazzophone, J. Buzelin)

Un trio soudé pratiquant l’improvisation totale avec sérénité et humour (Jazz Magazine, jan 81 Ph. Ardonceau

Pas con Axolotl. (Libération, 23 nov 81)

Le bouillonnement est tel que le moindre sectarisme risque de faire négliger des courants importants. (Télérama, 21 aout 82, J. Wagner)

Les incorruptibles version 82 (Libération, S. Loupien)

The music of Axolotl is the proverbial room in your house that you never knew existed (Paris Passion, mai 82 , J. Weiss)

Le groupe impressionne par sa façon d’évoluer des puits profonds à des sommets très élevés. (Jazz Nu Amsterdam, oct 82 K. Polling)

Par un travail que l’on sent très rigoureux de l’improvisation collective, le groupe domine superbement une structure très efficace de jeu. (Le Monde de la Musique, mars 82 D. Levaillant)

ACOUPHENES PARADE Un message de Charles Pennequin :
Merci pour ton livre, formidable ! je l’ai lu d’une traite durant un voyage, je ne le lachais pas, c’était vraiment un beau voyage avec. Je trouve que c’est rare de lire des choses aussi intelligentes, sensuelles, intéressante et surtout : il y a du rire ! ce qui est doublement rare. un rire qui grince, qui pourrait même causer des acouphènes, qui sait ? en tout cas un rire qui est le tien, c’est vraiment ta parole que je trouve là-dedans, tout en sensibilité et parfois dans le désarroi le plus total on trouve une lumière, c’est juste parce que tu sais regarder sur le côté, malgré le malheur.
Amitiés, Charles

Le dernier disque d’Étienne Brunet est en papier. Acouphènes Parade est un blues aussi déchirant que déchiré. Comme toutes ses réussites passées dans le domaine de la musique, il adopte un ton unique en s’appropriant un style qui n’était pas le sien. Pour franciser le blues il passe à la littérature. Rien d’usurpé : il a bu la coupe jusqu’à la lie, lie-de-vin, devin au passé, au crible et au laminoir du métier. Ça coule des sources. Brunet transcende l’aventure vécue en y mettant les formes. Écrit comme un polar, il tient en haleine, chargée et reprise plus d’une fois avant de sombrer. La perte de son oreille gauche est le résultat d’un long processus, trop de décibels, pas assez d’amour. Le cul n’arrange rien à l’affaire. Comment le blues pourrait-il être autrement que brutal ? En 64 pages il dresse un bilan, désespéré et courageux, isolé et communicatif, qui ne peut être que provisoire. Il annonce ce nouveau disque comme son dernier. Ne dit-on pas toujours que c’est le dernier avant d’entamer le suivant ? Le récit, en effet, ne s’arrête pas là. Brunet a réalisé parallèlement un projet vidéo accessible en ligne, version clipée de son blues inconsolable. Il y a un an je le présentais ici-même et annonçais la publication prochaine de son roman. C’est chose faite, édité à compte d’auditeur aux Éditions Longue Traîne Roll. Il a étoffé son projet transmédia avec de nouvelles vidéos, la musique seule au format mp3, un making of et un blog qui porte le nom de tinnitus-mojo. Tinnitus, perception sonore en l’absence de son extérieur. Mojo, pouvoir magique. Ou comment transformer une catastrophe réelle en création de l’imaginaire. Blog de Jean-Jacques Birgé

Participation aux livres de Franck Medioni : John Coltrane et Miles Davis photos de Christian Rose

Chronique de Jean-Jacques Birgé sur son blog du 4 avril 2022. Je me répète. Étienne Brunet pas. Le saxophoniste est un des rares expérimentateurs de la scène jazz. Ne s’endort jamais. Lorsqu’il enregistrait des disques physiques, chacun obéissait à un concept original. Lorsqu’il renvoyait la balle à des poètes il jouait les rimes. Lorsqu’il réalise ses clips vidéos il met le nez dans le code. Lorsqu’il écrit c’est cru. Les mots ne sont pas faits pour être admirés. Souvent en Thaïlande, comme une seconde patrie, il côtoie les musiciens du cru. Regardez. Ce sont les images d’un gamin. Étienne Brunet n’a pas besoin de retomber en enfance. Son intégrité est l’enfance de l’art. Pendant le confinement il mettait en ligne ses improvisations quotidiennes depuis son balcon. Il avait déjà chroniqué ses Nuits debout. Beaucoup devraient envier sa générosité et sa sincérité. Cela va au delà du style, au delà des notes. Il n’a jamais vraiment vécu de la musique, c’est elle qui a vécu de lui. La liberté se paie cher dans un monde où tout a un prix. Il s’en fiche. C’est de la monnaie de singe. Il fait tourner les éléphants comme Dali chez Disney ou Marker à Ljubljana. Sa partition est un jardin de fleurs. Ses équipiers dansent du même pied. Un pied de nez à la société du spectacle qu’il connaît sur le bout des doigts. Le guitariste Don Pengoon est sur la même longueur d’onde. À deux ils forment une ronde. Un point d’orgue. Et c’est déjà fini. Tacet. http://www.drame.org/blog