Fin du CD, faillite des labels, chute des studios, streaming payé une misère, vidéo musique enregistrée n'importe comment sur smartphone, écritures diverses
Suite au Covid, l’underground de Bangkok se réunit chaque dimanche dans un endroit différent sous un échangeur routier, une voie de chemin de fer une ancienne usine. Un collectif très bien organisé au service de tous.
» Bangkok Street Noise & Roll » plusieurs dimanches par mois, l’underground de Bangkok se réunit dans un endroit chaque fois différent sous un échangeur routier, une voie des chemins de fer une ancienne usine. Très bien organisé un collectif vraiment au service de tous. Epatant. J’ai joué avec Liew Niyomkarn et Nampai Anaparn (synthétiseurs machines) Albin Thörn Cleland et Bank (guitares) merci à Wannarit Pongprayoon, Michael Honeycomb. C’était à un kilomètre du métro Ramkhamhaeng (รามคำแหง) Street Gig (No.21) le groupe de circonstance s’appelait : @()!$*&# Merci pour les photos : Pok, Gate Garnglai, Puttiyos Phalajivin, Ta Pok Kaew
J’étais vraiment excité de participer. J’ai joué avec des musiciens que je ne connaissais pas. Le gigantesque échangeur au-dessus de nos têtes n’était pas encore en service, pas de bruit parasite. Le lieu sonnait très bien. J’ai réussi à monter plusieurs fois dans l’extrême aigu au saxo. Après le concert dans cette zone périurbaine. Michael, l’organisateur m’a ramené comme convenu au métro. On longe d’abord à pied un canal. L’endroit est un mélange d’édifices en béton et de plantes tropicales. Il avait garé sa voiture dans un terrain vague transformé en parking sous un autre nœud routier. Mais les voitures des spectateurs avaient bloqué la sienne arrivée la première. Il n’a pas un eu un rictus d’énervement et nous avons attrapé de suite un taxi.
L’intégralité du concert. Je ne connaissais absolument personne 5 minutes avant de jouer. Autant dire que le résultat est très expérimental
le système « Unicode » utilisé pour écrire avec les ordinateurs est fondé par un code unique pour classifier chaque lettre ou signe de tous les alphabets du monde. Unicode est à la fois un tour de force technologique et une métaphore poétique de toutes les écritures humaines. Le code « Unicode » utilise le système hexadécimal de 16 chiffres et lettres : 0123456789ABCDEF
J’ai fait la musique de l’un des 5646 événements de la « Fête de la science » à Rennes avec un projet issu de la collaboration entre Fred Sapey-Triomphe, artiste numérique, Laurent Amsaleg et Hervé Nau. Fantaisie biométrique. Reconnaissance faciale poétique. La collaboration s’est faite entièrement par Internet. Je n’ai jamais rencontré Laurent ni Hervé en présentiel, j’ai seulement croisé mon ami Fred. Le projet est construit avec TouchDesigner, il a évolué des caractères Unicode vers une sorte de FaceCook. Mesure visualisée d’Intelligence Artificielle des 12 catégories de sentiments : enthousiasme, harmonie, curiosité, idéal, proximité, expression de soi, liberté, amour, esprit pratique, stabilité, défi et structure. Mesures faites non pour manipuler les gens comme sur les réseaux sociaux mais comme propédeutique à la peinture liquide de nouveaux tableaux.
Il n’y a pas que le sexe et le saxo dans la vie. Il y a aussi la musique électronique conceptuelle. J’ai travaillé sur un projet excitant, une commande de l’artiste Fred Sapey-Triomphe. Le pitch : le système « Unicode » utilisé pour écrire avec les ordinateurs est fondé par un code unique pour classifier chaque lettre ou signe de tous les alphabets du monde. Unicode est à la fois un tour de force technologique et une métaphore poétique de toutes les écritures humaines. Le code « Unicode » utilise le système hexadécimal de 16 chiffres et lettres : 0123456789ABCDEF. Chaque signe, lettre, chiffre, ponctuation ou idéogramme de tous les alphabets du globe est numéroté ainsi. Ma composition repose sur une interface fantaisiste du plan « Unicode multilangue de base » (de U+0000 à U+FFFF). Une interface qui transforme le calcul hexadécimal en calcul musical. À chaque entité « Unicode » de trois, quatre ou cinq signes écrits en hexadécimal sera attribué trois, quatre ou cinq items musicaux (échantillon musical d’une note par chiffre). Le résultat sonore sera la superposition de ces trois, quatre ou cinq items, un puzzle sonore. Une harmonie dissonante ou consonante sera entendue suivant le tirage. Une pseudo harmonie sans aucune progression entre chaque accord au même titre qu’il n’y aura pas de lien particulier entre un caractère chinois, latin, thaï ou cyrillique qui se succéderont. La forme générative viendra du déclenchement de chaque Unicode dans le déploiement temporel de l’oeuvre de Fred. Chaque Unicode ayant reçu son traitement graphique déclenchera trois, quatre ou cinq des 16 éléments du puzzle sonore dans leur ordre d’apparition. Ce projet est un plug-in musical au visuel de l’artiste. Au total nous entendrons théoriquement 1048576 combinaisons sonores possibles (16 puissance 5) correspondant aux principaux points Unicode lettres, chiffres, syllabes, symboles divers.
Cette composition m’est venue à l’idée à la suite du système « Bibi Binaire» de Bobby Lapointe qui est bien plus qu’un simple calembour. Documenté sur Wikipédia, il attribuait une syllabe à chacun des 16 chiffres et lettres du calcul hexadécimal. J’avais étudié dans ma jeunesse « les modes à transposition limitées » d’Olivier Messiaen. L’idée de fabriquer un mode spécial sur deux octaves vient de lui, un mode « bricoléperso » de 12 sons, dont quatre sont redoublés à l’octave. Ce mode n’a évidemment aucune transposition possible. Pas de transposition mais 4 mutations. Les quatre sons redoublés génèrent chacun leur tour un drone continuum tampura qui entraine l’oreille à comparer les intervalles en fonction de chaque nouvelle tonique. Je mélange tout dans un algorithme style macédoine de légumes échantillonnés mayonnaise numérique. Je pratique une simplification outrancière digne de notre époque complexe. Creative codeur : Hervé Nau.
Les gens sérieux de la Société du Spectacle déplacent les foules pour la bonne cause. Elton John au pied de la Tour Eiffel, s’est produit devant 20000 personnes « pour protéger la planète ». Je ne protège personne. Je suis seul.
La semaine passée un danois m’avait photographié sur les bords de Seine en train de jouer du saxo. Il a une grosse réputation sur Instagram. Je donne l’impression d’être solitaire sur ces photos. Une sorte de clochard musical. Les gens sérieux de la Société du Spectacle déplacent les foules pour la bonne cause. Le lendemain, Elton John au pied de la Tour Eiffel, s’est produit devant 20000 personnes « pour protéger la planète ». Je ne protège personne. Il fait froid. J’ai signé les conditions générales d’utilisation de l’automne. Application pour accéder gratuitement à l’hiver. J’espère fuir les frimas cette année, après deux ans de restrictions sanitaires et m’en aller passer l’hiver en Thailande. J’ai beau penser pis que pendre des parisiens, je les aime toujours un peu. Je suis en vélo. Mon trousseau de clé tombe de ma poche sur le pont de Tolbiac. Une jeune femme me crie de m’arrêter. Je ne l’entends pas. Elle courre derrière moi jusqu’au feu rouge. Haletante, elle me tends mon trousseau de clé et me dit gentiment que je l’ai faite courir ! Paris est la ville de la solitude. Les gens sont repliés sur eux même mais sont capables de gestes altruistes. Nombre de parisiens donnent une pièce aux mendiants.
Je joue « April in Paris ». Un jeune couple se colle près de moi. Ils s’embrassent à pleine bouche, parlent fort, puis écoutent sur leur iPhone un bout de ce que je viens de jouer. Ils m’ont enregistré. Je me transforme en média virtuel.
Image agitée par TouchDesigner d’une photo par Colin BouvryAnimation TouchDesigner à base des photos de Lou Bachelier
J’avais sorti mon clou depuis une minute. Mon pote Colin prenait quelques photos. J’étais dos à la Seine avec la Conciergerie et un palmier kitchissime en toile de fond. Un mec genre armoire à glace m’ordonne sans gêne : « C’est super beau ce que vous jouez, mais venez donc jouer en public ». Il voulait probablement que je vienne 50 mètres plus loin face aux gens allongés sur les transats. Je ne veux pas emmerder les quidams qui roupillent. De toute manière j’ai choisi un autre endroit. Le mec insiste. Il me flatte de manière éhontée pour me faire bouger de place. Je travaille mon instrument en public. Je ne fais pas la manche. Nuance. Le mec se tire en grommelant. Une bonne femme me pose la question habituelle des braves gens : « quel est mon instrument, une trompette ? Une clarinette ? » Non c’est un saxo soprano. « Ah bon le son est très doux, je croyais que le saxophone était plus tonique, plus dynamique. »
Trois euros le café à un jet de pierre de l’endroit où je vais jouer. Il est trois heures de l’après-midi. Chaleur étouffante de fin juillet. Les bords de Seine ont l’air sympas, mais ils sont hyper pollués. Paris est dans le fond d’une cuvette. La Seine est le creux de la casserole où stagnent particules fines et saloperies toxiques. Au bout de cinq minutes, il m’est impossible de rester en plein soleil. Je vais me poster plus loin à l’ombre près du pont au Change. Les gens font comme si je n’étais pas là. Je ne les dérange pas, je suis transparent comme une radio ne diffusant pas trop fort la musique. Je suis un vrai générateur d’ambiance, pas un artiste. Je me chauffe au gaz, au gazon broutte-minou… Je joue « April in Paris ». Un jeune couple se colle près de moi. Ils s’embrassent à pleine bouche, parlent fort, puis écoutent sur leur iPhone un bout de ce que je viens de jouer. Ils m’ont enregistré. Je me transforme en média virtuel. D’autres gens me filment en catimini. Les gens adorent voler des images de mecs exotiques. Ils se prennent pour des journalistes. Tout le monde filme tout le monde. La CIA-Google résume le tout en filmant par satellite les activités des nations pour le compte de l’oncle Sam. Aujourd’hui je joue machinalement sans aucun feeling. J’assume les compositions de mémoire. J’improvise des notes, des milliers de notes qui n’ont aucun sens. Virtuosité creuse. J’ai le souffle court : je n’en peux plus de la pollution. Je n’arrive plus à souffler dans le tuyau. Hygrométrie défavorable. J’arrête et je rentre chez moi mécontent. Je file à un SDF la pièce de 2 euros que j’ai récolté. (Extrait de mon journal d’après Covid)
Nous avons assiégé tout ce foutoir d’art conceptuel comme des sauvages armés par le futur effondrement du marché de l’art. Au bout d’une heure un vigile est venu gentiment nous dire de dégager.
Attaque de Beaubourg par la face Nord. Le Centre Pompidou encerclé par des musiciens polonais (Przemek Zieliński, Radek Muzyka,Jan Szczypior) opérant l’art contemporain à l’air libre la veille du 15 août. Improvisation dans la rue. Vidéo myself+iPhone+TouchDesigner
photo Vladimir Drouz
Je jouais à « Paris Plage » j’ai rencontré trois musiciens polonais qui font la manche dans les rues pendant leur court séjour à Paris. Deux percussionnistes et un bassiste électrique. Ils sont très organisés avec des fauteuils pliants ultras légers et amplis portables. J’aime leur façon de jouer : une sorte de jazz rock ambiant qui se prête bien à l’improvisation au saxo. Ils étaient enchantés d’avoir trouvé un soliste. Ils m’avaient donné rendez-vous à Beaubourg. Nous avons attaqué le Musée par sa face nord. Nous avons assiégé tout ce foutoir d’art conceptuel comme des sauvages armés par le futur effondrement du marché de l’art. Au bout d’une heure un vigile est venu gentiment nous dire de dégager. Avec quelques éléments image et son enregistré n’importe comment j’ai fait une vidéo en retravaillant avec le complexe logiciel « TouchDesigner ». La technologie offre une déformation visuelle qui correspond exactement à ma vision du monde : haché, scratché, tremblé, bruité, mouvant, éthéré, lacéré de couleurs violentes choisies par le hasard machine. J’ai posté la vidéo.