Vinyle

J’avais 19 ans en 1973. Epoque inoubliable qui expliquera ensuite avec du recul mes errements comme mes réussites. C’était la fin de la période héroïque des révolutions musicales et sociales. Cette série m’a rappelée les sensations électriques de ma jeunesse. 1973 est l’époque où se situe l’action de « Vinyle ». Fin de l’ère du rock psychédélique, déclin du funk. Émergence du Hip-hop, du Punk, de la new wave et du Disco. La série est intéressante, car elle montre bien le glissement des styles et des modes musicaux d’une époque à l’autre comme une dérive inéluctable. Le personnage principal est un producteur de disques. Le personnage permet d’écrire un scénario à rebondissement sur dix épisodes. Les musiciens : on ne saura jamais ce qu’ils font ni ce qu’ils pensent, ils sont noyés par la personnalité de Richie Finestra défoncé à la coke. Ce scénario organise la série dans de multiples directions, mais obscurcit le propos vers l’insupportable ego des producteurs de tous poils du maffieux au plus sincère passionné de musique. On a l’impression que les maisons de disques façonnent la musique et les musiciens grâce à leurs disques ce qui est archi faux. Pourtant la série est fascinante parce qu’elle cerne un moment capital de l’histoire de la culture et du rock par la même occasion. « Vinyle » fut un énorme flop sans précédent. La série créée par Martin Scorsese, Mick Jagger, Rich Cohen et Terence Winter avait coûté une fortune et a été stoppée dès la fin de la première année. Elle recrée pourtant à merveille l’ambiance des seventies par une habile fiction. Bien sûr comme presque tous les projets grands publics le free jazz n’existe pas ce qui affaiblit encore le propos.